Dix mots pour chaque écrivant, tirés au hasard dans un chapeau – à partir du premier mot, chacun commence à écrire et au top, toute les minutes, tirer un nouveau mot à intégrer aussitôt dans le texte.
Déguisement ou sentiment
Solex de mes déménagements
Simplicité en mes enfants
Fleurs de thé, triptyque pulsant
Zèbre en mon cœur, fêlures-rayures,
Fleurir les miasmes, cloaque, fêlures,
Beauté, faire beauté devant, c’est sûr
Trembler de la vie et sa démesure
Blanchir les pires aventures
Respirer – Naître – Vivre – Être vraiment !
Mariette
Je prononce ce mot car il m’inspire la confiance
Liberté, égalité, fraternité, les mots résonnent encore en moi
Voler ! Comment cela ! C’est simple, laisser le corps se mouvoir !
Balcon fleuri ! Que de couleurs ! Je suis ravie !
Ne plus repasser ! Je déteste le fer ! Vous m’avez compris, Fer à repasser !
Les petits papiers se ramassent à la pelle…
La maisonnette que je vois au loin surplombe la colline.
La vérité est une valeur sûre, j’en suis sûre.
Sous mon grand chapeau, je me cache et je fais le beau !
Un plat de nouilles me suffira ! N’oubliez pas le parmesan !
Nadine
Immortalisé, ce mot qui sonne à mon oreille comme ancrer un cactus qui risque, avec ses épines, de nous déchirer la peau. Ce mot sur un sofa, immortalisé, couché, en sang. Son odeur de mort, de peur, d’angoisse, de destruction et pis il y a la fleur qui se pose sur le mot et lui donne un autre ton, celui du peuplier, de l’oranger, de l’olivier ? Je ne sais si le mot garde comme la cheville une parure ou café, thé, eau… Immortalisé, je le désire ce bien venu sans ma maison, dans mon histoire. Voler et aussi s’éloigner avant que le mortel ne s’immortalise. Rajeunir ou vieillir, mais toujours et à jamais immortalisé.
Carmen
Vaincu, fut le Chevalier lors du dernier combat qu’il menât au Pré-au-Clercs. On l’a vu batailler tant et tant, dressé sur son cheval bey, fier, protégé de sa belle armure et de son écu Aigles et de Lys. La fulgurance du regard du soleil lui donnait une allure étincelante. Mais, face à lui, le Chevalier noir, le mécréant, de son épée de feu, ne cessait de le harceler, de lui rendre la tâche difficile. Il finit par tomber de cheval et s’écraser sur le sol. La tête cabossée, sous une cloche de verre brisée, et l’œil torve. Il songea alors à sa belle Hildegarde qu’il avait laissée, là-bas, en son château de Normandie. Hildegarde, sa belle tisseuse de laine et de broderie. Hildegarde, qui, pour son chevalier avait tricoté une belle chemise, celle qu’il enfilait sous sa cotte de mailles. Il ne fut point applaudi par ses compagnons. Ils pleuraient. Quelle nuit de désastre. Combat mal foutu. Défaite minable. Pas un chant de joie. Que nenni. Vaincu le Chevalier. Une gemme à son doigt. Il l’enleva. L’embrassa. La tendit à un oiseau, un pigeon voyageur, pour qu’il l’apporta à la belle Hildegarde qui l’attendait au haut de sa tour. Un bijou de toute beauté. Il le tendit difficilement, avec douleur. Mais l’oiseau agile et prompt s’en empara et s’envola au loin. Et le chevalier, eut, pour sa belle, une ultime pensée. Il fit le serment de l’aimer encore au-delà de la vie, de la mort, au-delà des forêts, des frontières, de la mer… De la nuit qui les sépare. Il aurait voulu s’envoler avec l’oiseau. Gagner les airs. Le ciel. Les étoiles. Le cosmos. Les nuages. Et là-bas, ce silence entre le ciel et la mer. Il eut toujours à cœur de rester fidèle. Pour toujours. Une immortelle fidélité. Même, vaincu, il resterait fier. Sans peur. Et sans reproche. Il ne lui resterait plus qu’à lessiver son âme de vaincu afin que nul ne l’oublie, nul ne puisse le traiter de lâche, de traître ou de miséreux. Alors il arrangea dans sa chevelure une merveilleuse choucroute pour fleurir son tombeau pour l’éternité.
Lionel