ah ! Mes tubercules vont-elles être assez importantes ? Je suis quand même la plus belle plante du jardin ! Comment vais-je faire avec tous ces insectes qui vont m’attaquer !! Ah ! je l’aime cette terre, cette bonne terre nourrissante où je peux me développer tout à loisir ! J’aurai plein d’enfants pomme ! Qui se feront manger à maturité ! Mais moi j’irai me cacher sous l’herbe pour continuer ma vie et fleurir !
Babette
Ah ! quelle angoisse de n’être encore qu’une petit graine de pomme de terre !! Vais-je grossir assez ? Et plus tard, quand je serais dans les mains de la cuisinière, en robe des champs, si je suis trop chaude ! Qu’adviendra-t-il ? Et quand je serais sur l’étal du marchand, serais-je la plus belle ? Au milieu des autres légumes ? Mais quand je suis sous terre, y’a des jours j’ai du mal à respirer !!! Et croyez moi, je la retiens ma respiration, quand je suis dans les mains de la cuisinière et qu’elle s’apprête à me plonger dans la marmite d’eau bouillante ! Purée ! j’aurai intérêt à retenir ma respiration ! en apnée ! Qué calor !
Nadine
La pomme de terre sous terre
Doit se taire, le noir l’effraie !
A faire jaillir ses germes, quel mystère !
Qui l’amaigrissent si tant, pas fière
Qu’elle ne sent plus sa chair
Mais la renaissance vivrière fait lumière
La pomme de terre se dit : »si le grain ne meurt, là est sa prière » !
Mariette
Ah ! comment vont ils me manger ? en chips ? Ils auront chipé une idée à un drôle d’italien et je me retrouverai dans l’assiette avec une chipolata ?Ou alors en frite ? J’irai me friter avec l’huile chaude et bouillonnante d’une baraque sur une plage de Lacanau ! Ou encore en purée mousseline, je serai passée au presse purée, je collerai au mixer, comme je colle aujourd’hui encore à la terre argileuse mouillée ! ou alors en gratin dauphinois ! Faire partie du gratin, moi qu’on traite trop souvent de « patate » ! Hey ! j’ai du style ! Je suis une « Belle de Fontenay » ! C’est la classe ! Quand même ! Je suis l’élite de la pomme de terre ! Ou avec une morue et de l’huile d’olive ! Au Portugal ! Avec une morue, moi, une De Fontenay ! C’est pas la lutte des classes chez les pomme de terre !
Lionel